La vie est faite d’imprévus, pas nouveau, malgré ça il reste toujours difficile d’accepter que certains évènements nous tombent sur le coin de la gueule sans qu’on n’ait rien vu venir. Aujourd’hui tu liras cette lettre dans ton lit d’hôpital, dans cette chambre que papa occupait il y a deux jours et aura quitté hier pour être transféré dans un autre service, dans une autre ville, je l’écris en riant, c’est nerveux, qu’est-ce que vous foutez bordel ?
On vous appelle les inséparables, parce que vous l’êtes. Et que depuis votre rencontre vous n’avez eu de cesse de tout faire ensemble, si bien que lorsqu’il arrive que vous soyez séparés quelques jours tout le monde s’inquiète de savoir comment vous allez surmonter ça. Surtout papa en vrai, qui – égaré – ne se nourrit que de Do Mac, ne lave pas ses vêtements, à peine les dents, j’en rajoute, et nous appelle quatre fois par jour Alice et moi « juste pour nous faire un bisou ». Juste parce qu’il se fait sacrément chier sans toi, c’est tout.
On a toujours trouvé ça joli, tellement touchant aussi, ce lien qui vous unie, féroce, éternel. Presque paralysant même, comment réussir à vivre une histoire aussi belle que la vôtre ?
On a toujours trouvé ça joli mais pas là.
Pas là. Pas depuis lundi. Pas depuis que notre téléphone a sonné à quelques heures d’intervalle pour nous annoncer - sans antécédents - que papa allait avoir un triple pontage et toi une pose de stents.
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