Je suis assise dans mon fauteuil de gens du Cac40 qui négocient des deals à neuf chiffres. Genre.
Persuadée que le trône fait la reine et que découlera de cette acquisition pompeuse une carrière à la Forbes, que d’avoir le sillon interfessier qui devient moite à la faveur des heures passées sur ce cuir de bébé vache me vaudra un prix littéraire ou un passage sur France Inter. Bref, je suis assise derrière mon bureau à regarder par la fenêtre les pissenlits qui racontent le printemps proche, mes chiens débiles qui courent à faire des tranchées dans l’herbe humide, les oiseaux qui piaillent comme des coiffeurs, tout ça sous les rayons tièdes d’un soleil qui tape sur les baies et me ramollit le bulbe…
Mais à qui vais-je bien pouvoir écrire cette nouvelle lettre ?
J’étais à ça (mime deux millimètres entre le pouce et l’index) d’adresser ce texte à Hugo de l’Ile de la Tentation mais j’ai promis de taffer un peu sur l’ouverture de mes chakras et surtout je pense que tout le monde s’en branle. Dommage. Sachez tout de même que si, comme moi, vous comptez les jours avant le prochain épisode et que vous pourriez renoncer à la paix dans le monde pour savoir ce que va faire Sandra, je vous garde une place dans mon cœur. (J’ai pas dit que j’aimais Marine).
Je fais des tours sur moi-même, lancée comme une toupie sur le mécanisme solide qui justifie sans doute le prix du siège, la tête en arrière à regarder le plafond haut ou les feuilles de vignes sur le papier peint. Je suis le vide et rien ne vient. Ou si mais je ne sais pas trancher. Les options se bousculent à hue et à dia, dans un ballet explosif, lui, elle, elle, lui, ci, ça. J’ai toute une liste de noms, de trucs, d’émotions à qui j’aurais bien des choses à dire, je les note et vais piocher dans les sédiments de ce que j’entasse là haut, cf le bulbe. Dans tout ça, certaines choses émergent parfois et m’offrent suffisamment de matière pour tailler une missive qui a de la gueule. Pas là, du coup je vais faire d’une pierre deux coups (j’ai longtemps cru que c’était d’une paire de couilles) et je vais traduire mon immobilisme inspirationnel en m’adressant à toutes ces personnes qui ont occupé mes pensées récemment sans que je ne parvienne à en élire une.
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