J’imagine que ça aura au moins l’effet de te faire bomber un peu le torse puisque tu me demandes tous les jours si je pars écrire sur nous quand je m’enferme dans mon bureau pendant des heures.
Et quand tu me lis, je souris de remarquer tes sourcils grimper à la naissance des cheveux, mimique du mec étonné de voir que je préfère écrire une lettre à mon cul (rapport à ma missive précédente).
Il faudrait alors que je te dise que mille fois j’ai eu envie de te l’écrire cette lettre, qu’heureusement pour toi je te préfère à mon cul, mais que les mots ne sont pas si faciles à coucher – moins que moi héhé - et que si je te les écris je les veux parfaits. Si bien que même le jour de notre mariage, je n’ai pas osé. Paralysée par l’enjeu du moment, par la peur de dire de la merde (j’ai laissé ça à Nat), par celle de te voir changer d’avis « qu’est-ce qu’elle baragouine cette gourde », par peur aussi de trop me dévoiler devant les deux trois regards acides de l’assemblée (coucou oui je parle de vous) là pour scanner la nouvelle, celle qu’il fallait détester, sinon rien. Mais si je ne l’ai pas fait le jour J, je me rattrape aujourd’hui car on est le 17 et on se célèbre.
Deux ans de mariage déjà. Ou seulement deux ans ? Deux ans déjà parce que le temps à tes côtés file aussi vite qu’un enfant chinois dans un atelier Temu. Seulement deux ans, mais ressentis cinquante-trois (pour la rime), tant j’ai le sentiment de n’avoir connu que toi.
Tout est allé si vite. C’est ce que j’aime raconter à mes amies en naufrage affectif, celles qui – en désespoir de cause - enchainent les dates foireux avec des mecs qui n’aiment que leur mère ou disent kikou ma belle. Je leur raconte que la vie réserve bien des surprises et que tout peut s’éclairer en une fraction de seconde. En une soirée d’été. En une rencontre dans un restaurant en bord de mer, au hasard. Je leur raconte que si on y croit mais qu’on ne court pas après (c’est si vrai), le grand amour nous attend quelque part.
J’ai débarqué dans ce restaurant que je ne connaissais pas, suiveuse de C qui m’a vendu l’endroit comme incontournable et le patron – un bon ami – comme très sympa. Tu étais derrière le bar, premier été post Covid et pour mon plus grand confort la manie de se faire des bisous sur les joues était devenue un geste un peu fou. Même si je peux le dire aujourd’hui je t’aurais volontiers galoché pour te saluer mais ça aurait peut-être enlever un peu de magie à l’instant. Alors, tu m’as serré la main avec une poigne qui m’a fait oublier les variants et tout le reste. Me laissant quelques secondes à l’érotisme de mes songes, toi Hercule et moi petite chose, sur ce bar, là maintenant, les verres qui valsent et ta tête entre mes. Pardon. Je disais, la magie de l’instant.
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